On appelle "attitude propositionnelle" le fait, pour un sujet, d'avoir une certaine attitude envers une certaine proposition. Les croyances, les désirs, les connaissances, sont des exemples typiques d'attitudes propositionnelles. On appelle "attribution d'attitude propositionnelle", ou "rapport d'attitude propositionelle", les énoncés qui disent qu'un sujet a une telle attitude, par exemple: "Antoine croit que la Terre est ronde".
Une proposition est quelque chose qui peut être vrai ou faux: que la Terre soit ronde, que Napoléon ait gagné la bataille d'Austerlitz, etc. Traditionnellement, on distingue les propositions des énoncés linguistiques qui les expriment. Par exemple, deux phrases dans des langues différentes peuvent exprimer la même proposition; "la Terre est ronde" et "the Earth is round" expriment la même proposition, laquelle n'est en aucune langue particulière. Les propositions, au sens traditionnel, sont plutôt des états de choses que des mots.
Un personne peut avoir (simultanément ou non) différentes attitudes vis-à-vis d'une même proposition: Jean peut croire que la terre est ronde, vouloir que la Terre soit ronde, savoir que la Terre est ronde, regretter que la Terre soit ronde, craindre que la Terre soit ronde, se réjouir que la Terre soit ronde, etc. On peut aussi avoir une même attitude vis-à-vis de différentes propositions: Jean peut croire que la Terre est ronde, et que Napoléon a gagné la bataille d'Austerlitz. Le fait de distinguer l'attitude de la proposition permet de formuler des généralisations psychologiques telles que: "pour toute proposition P et pour tout sujet S, si S se souvient que p alors S croit que P".
On doit bien distinguer les attitudes propositionnelles elles-mêmes des rapports d'attitudes propositionnelles. (Il arrive néanmoins que l'expression "attitude propositionnelle" soit utilisée de façon lâche pour désigner les rapports d'attitudes propositionnelles.) Les attitudes propositionnelles sont des états du sujet. Certaines sont clairement des états mentaux du sujet, des pensées; celles-ci sont, pour ainsi dire, dans sa tête, causent ses actions, sont causées par ses interactions avec l'environnement, etc. Les rapports d'attitudes propositionnelles sont, eux, des objets linguistiques; ils sont faits de mots. Ce ne sont pas des états d'un sujet; ce sont des objets abstraits.
On appelle souvent "contenu" d'une attitude propositionnelle la proposition qu'elle contient. Ainsi, si Pierre croit que la Terre est ronde, le contenu de sa croyance est: que la Terre est ronde. Là encore, il faut éviter les confusions avec le contenu des rapports d'attitude propositionnelle. On appelle en effet aussi "contenu" d'un énoncé la proposition qu'il exprime. Ainsi, l'énoncé "la neige est blanche" en français a pour contenu: que la neige est blanche. De même, l'énoncé "Pierre croit que la neige est blanche", qui est un rapport d'attitude, a bien pour contenu: que Pierre croit que la neige est blanche. Le fait que la neige est blanche n'est pas le contenu du rapport, mais de la croyance elle-même.
Le terme d'"attitude propositionnelle" a été introduit par Russell. Il est courant dans la littérature analytique depuis.
J. Dutant
dernière maj.: 17.2.2006
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